Sexualité et Allaitement

Avoir un enfant, ça change une vie, qu’il soit allaité ou non. Avec @vero.b.l (psychologue en périnatalité) nous allons vous parler de sexualité et allaitement à 4 mains.

Disclaimer : Ce post parle beaucoup de couples hétéronormés car c’est hélas là que l’on retrouve le plus d’injonctions

Disclaimer 2 : Quand j’écris « femmes », ou « mère » je parle des personnes perçues comme telles, et des personnes trans.

Disclaimer 3 : Je sais que c’est un sujet sensible, je parle avec mes connaissances mais je reste totalement ouverte au dialogue, sentez-vous libre de commenter et donner votre avis avec respect.

Le consentement

La base de la base : Point consentement

Tout rapport, quel qu’il soit doit être CONSENTI librement

  • On ne se force jamais. S’il faut on attend d’être prête en post partum pour la reprise des rapports, même si ça met des mois !
  • NON, c’est  NON, et RIEN c’est NON aussi !

La maternité, apprivoiser ce nouveau corps

Vous sortez d’une grossesse, qu’importe sa durée, votre corps a changé.

  • Un enfant vient de passer par votre vagin ou votre ventre.
  • Vous avez des lochies (saignements post accouchement)
  • Des tranchées (Les tranchées sont des contractions utérines qui peuvent être aussi intenses que celles de l’accouchement. Elles ont pour but de remettre rapidement votre utérus en place)
  • Votre poitrine évolue
  • Votre ventre peut être mou, encore gonflé et c’est normal
  • Votre périnée peut être abîmé
  • Votre nouveau corps peut laisser apparaître des vergetures, signe de tous ces changements

Tout cela demande énormément de temps, et de douceur envers vous-même pour apprendre à connaître ce nouveau corps.

Quand les hormones s’en mêlent !

Ne l’oublions pas, l’allaitement est géré par les hormones. Les modifications hormonales en post partum sont énormes. Tout est fait pour favoriser le lien mère-enfant :

  • Chute du taux de progestérone pour maman à la naissance de bébé (ce qui peut entrainer une possible sécheresse vaginale)
  • Augmentation des taux de prolactine, hormone du maternage et de la production lactée ; et d’ocytocine hormone de l’amour et de l’éjection de lait (cf. post prolactine ocytocine)
  • Tout le corps de maman se focalise sur ce petit bébé, pour sa survie
  • La mère est déjà pleine d’ocytocine avec les tétées, elle peut donc ne pas avoir besoin de « plus », se sentir comblée ainsi, ne pas ressentir nécessairement de désir.

Schéma explicatif :

  • Votre cerveau et votre corps sont tous deux en harmonie pour veiller à la survie de votre petit bébé. Il est normal de ne pas avoir de désir, VOUS AVEZ LE DROIT, tout comme l’inverse.
  • En effet, certaines mères ne rencontreront aucun souci en post partum, que ce soit en termes de désir, ou de plaisir, malgré les variations hormonales. Nous sommes toutes uniques.

Le sein, sexuel ou nourricier ?

On ne le dira jamais assez, la société actuelle hyper sexualise le corps de la femme, notamment la poitrine :

  • Les seins sont vendeurs, et vecteurs de désir : cela ne nous choque absolument pas de voir des femmes nues pour des pubs de parfum, bijoux, sacs, voyage ou même nourriture … Le corps de la femme est un très bon outil marketing
  • Nous ne voyons donc plus du tout la poitrine comme nourricière, sa fonction première, ce qui entraine d’ailleurs des faits divers dramatiques actuellement : des femmes allaitantes se font frapper pour le simple fait d’avoir nourri leur bébé, cette hyper sexualisation est une réelle pression faite aux femmes

« La question de l’opposition entre le sein nourricier et le sein érotique se pose pour de nombreuses (futures) mères, plus ou moins consciemment. Pour certaines, le sein doit rester l’apanage du partenaire. Il existe dans notre société une véritable confusion sur la fonction dévolue aux seins : d’un côté la société dévoile les corps féminins, d’un autre elle exprime une pudeur outrée face aux femmes allaitant en public. On demande à la femme d’allaiter pour être une bonne mère et de rester disponible sexuellement pour être une bonne épouse.

Pour certaines femmes, il semble impossible de mettre son sein à disposition à la fois de son enfant (sein nourricier) et à disposition de son partenaire (sein érotique). Le sein allaitant va à l’encontre de l’idéal sexuel dominant qui voit le sein érotique comme « ferme, passif, inerte », tandis que le sein allaitant est « actif ». »

Petit passage du mémoire de Véronique Borgel Larchevêque, psychologue spécialisée en périnatalité sur Bordeaux

Les Pressions subies par les femmes

Une pression est exercée continuellement sur les femmes, que ce soit par leur entourage, ou même par le corps médical, voire même des inconnu.e.s, les médias sur :

  • Les kilos de grossesse : Il faut vite retrouver sa taille ! Promos pour le sport, les gaines, les régimes …
  • Les nuits, la fatigue : bébé ne fait pas ses nuits, c’est  certainement à cause de la mère si bébé ne dort pas, elle fait forcément quelque chose de mal
  • Le cododo : le partage de chambre ou de lit subir les jugements de tout le monde, car en occident, la chambre est vue comme conjugale et non familiale
  • La date de reprise des rapports : « Iel pourrait voir ailleurs si la mère ne reprend pas assez vite une activité sexuelle » 
  • La contraception qu’elle va devoir prendre : sujet abordé dès la maternité, charge encore une fois qui repose sur les épaules de la mère.  Vous venez juste d’enfanter qu’on vous demande déjà comment vous allez protéger vos futurs rapports.

Les changements pour le/la conjoint.e

Parfois le/la conjoint.e peut aussi ressentir des difficultés à la reprise des rapports car :

  • C’est un tout nouveau rôle, et cela nécessite un peu d’ajustement pour trouver sa place
  • Ayant assisté à l’accouchement et vu le vagin distendu pour le passage de bébé, certain.e.s font un blocage
  • Iel voit sa femme en tant que Mère uniquement, et plus du tout en tant qu’amante
  • De la jalousie peut s’installer vis-à-vis du bébé qui prend beaucoup place
  • Iel peut avoir peur de faire mal pendant les rapports ce qui crée un blocage

Et le couple dans tout ça ? Astuces et solutions

Avec l’arrivée de bébé, tout est à repenser, réorganiser et changer dans le quotidien

  • Communiquez, c’est la base de tout. Parlez, à toute heure de vos émotions et sentiments
  • En cas de douleur persistante, de vaginisme, consultez un.e professionnel.le de santé : Gynécologue, sage-femme…
  • Reposez-vous quand vous le pouvez, déléguez ce qui est ok pour vous, osez demander de l’aide : Des aides de la caf existent (aide-ménagère) pour vous soulager en post partum -Post aide caf
  • Prenez votre temps, rien ne presse dans la reprise des rapports, soyez indulgents envers vous-même
  • Le lubrifiant peut être un réel allié, notamment en cas de sècheresse vaginale. Préférez le prendre en pharmacie, parlez-en avec votre professionnel.le de santé.
  • Faire l’amour ne passe pas obligatoirement par la pénétration, caresses, massages, avec les mains, les doigts, la langue, des objets doux qui ne font pas peur sont aussi un acte sexuel.
  • Vous pouvez prendre le temps de redécouvrir le plaisir partagé grâce aux jouets coquins, un pas à la fois, à votre rythme, petit à petit
  • Prenez le temps de vous redécouvrir sans pression, sans espérer un rapport. Les caresses, les attentions réciproques, les massages, sont de bonnes façons de nouer un doux contact.
  • Donnez vous-même votre propre définition au mot « couple », celle qui vous convient à vous à l’instant T, susceptible d’évoluer avec vous, et qui  ne regarde … que vous.
  • Si vous n’avez pas envie de sexe, mais que cela vous rend triste de ne pas en avoir envie, vous  pouvez consulter pour cette raison. La perte de désir sexuel, ainsi que la perte de plaisir (sexuel ou non d’ailleurs) peuvent être les symptômes de certaines pathologies. Et, surtout, si c’est mal vécu, en parler vous permettra de trouver une solution.

Petit rappel supplémentaire 

Il est possible que vous ayez un réflexe d’éjection de lait à la survenue d’un orgasme… pas de panique, c’est normal. L’orgasme ou l’éjection de lait sont gérés par la même hormone : L’ocytocine.

Le passage de son mémoire a pour sources :

Capponi, I., & Roland, F. (2013). Allaitement maternel: liberté individuelle sous influences. Devenir, 25(2), pp. 117-136.

Chautems, C. (2018, avril 10). Quand l’allaitement « fait » la mère. Anthropologie & Santé , 16.

Quelques ressources supplémentaires :

https://www.allaitementpourtous.com/sexualiteacute.html

https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/allaiter-aujourd-hui-extraits/1546-aa-77-allaitement-et-vie-de-couple

https://naitreetgrandir.com/fr/dossier/parents-et-amants/sexualite-et-allaitement/

https://www.claude-didierjean-jouveau.fr/2020/06/29/lallaitement-le-cododo-et-le-couple/

Aller en haut